Blog Anecdotes

Le Journal d’une jeune maman 2

16 juin 2022




Mon année sabbatique. 


6 mois après la naissance de mon fils aîné, j’ai trouvé un boulot à plus de 40 km de la maison. Il était à la garde de ma mère. Je partais tôt et rentrais tard. Malgré que je m’empressais de rentrer, il était souvent déjà endormi. J’osais une fois en passant troubler son sommeil pour avoir une chance de jouer avec lui. Je reprenais le travail après 9 mois d’inactivité et j’avais très bien compris qu’une vie professionnelle était indispensable pour mon épanouissement. Le prix à payer était énorme, les conséquences désastreuses pour mon coeur… 


Ayant vécu le remords de ne lui avoir pas accordé assez de temps les mois où il commençait à véritablement prendre conscience, les moments où il commençait à se forger sa personnalité ou à la manifester. Son père étant loin et moi fourrée dans un boulot qui demandait du temps et de l’énergie. Après 4 mois d’intenses recherches, j’ai réussi à réduire la distance mais pas la charge de travail… Dès que je me suis sentie prête à avoir mon deuxième enfant, j’ai planifié une année sabbatique. Je ne me sentais pas de cœur à recommencer, surtout que j’avais tellement à rattraper avec mon aîné. 


Une année sabbatique, c’est fou ! Oui pour une maman qui allait avoir un deuxième enfant, donc plus de responsabilité financière. Le rationnel ne le verrait pas comme une sage option. Surtout si on sait que trouver du boulot n’est pas aisé et qu’avoir un salaire intéressant est encore plus compliqué. Mais j’avais bien mûri ma réflexion. Ma santé mentale était ce qu’il y avait de plus important à ce moment précis. Mes besoins d’épanouissement et mes envies de maman parfaite voulant participer à l’équilibre de ses enfants, mes plus grosses motivations. 

 

La décision étant prise, il me fallait mettre en place une stratégie de non retour (moi et ma dualité, l’équilibre, la justice, le blanc et le noir, le juste milieu, ma balance, le doute, la joie et la tristesse, … bref, je me connais et j’espère que vous apprenez à me connaître) et vivre ma nouvelle vie comme prévue. Celle d’une maman qui voulait se rattraper en passant assez de temps avec ses enfants, en prenant du temps pour elle-même et en travaillant sur ses projets de vie. Me sentir capable de prendre une telle décision est une grande fierté pour moi.


Pour revenir à ma décision, j’ai informé les personnes que cela pourrait affecter (mon conjoint et ma mère), et ils n’ont pas tenté de me convaincre d’abandonner cette idée. Merci à vous de m’avoir compris. Bien entendu, j’avais constitué une petite épargne, pour me permettre de répondre à mes besoins pendant un an le temps de profiter de mes enfants et de leur permettre de profiter de ma présence. Mais aussi le temps de regagner en productivité, de refaire mon plein d’énergie… 


Prendre du temps pour mes projets, prendre du temps pour moi même, plus le temps pour mes enfants et une vie de couple qui débute…. c’était déjà trop d’éléments nouveaux à gérer pour une année sabbatique et je vais le découvrir à mes dépends. Les causes et les motivations de mon choix de vie étant connues, voilà ce qui s’est passé ces 15 derniers mois.







Mes projets de Femme parfaitement parfaite.


Voyons comment s’en sort la personne exigeante que je suis avec ma longue liste de priorités. *Personne hyper exigeante = tout doit aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. J’ai vraiment du mal à ne pas me mettre la pression, je le dois à mon éducation.


Carrière et Projets efforts parfaitement orchestrés
  • - Lancer mes projets (enfin l’un après l’autre)
  • - Sur-performer à mon poste actuel
  • - Travailler mon branding personnel
  • - Définir ma nouvelle orientation professionnelle
  • - ...


Maman parfaitement parfaite
  • - Prendre soin de mon bébé et de son frère au quotidien 
  • - Éduquer mes enfants, leur transmettre les valeurs familiales, favoriser leur autonomie et leur épanouissement
  • - Servir des repas sains
  • - ... 


Maison parfaitement tenue
  • - Tenir une maison propre, accueillante et bien rangée
  • - …


Couple parfaitement parfait
  • - La vie de frère et soeur que m’a souhaité ma mère…. Je crois que je n’ai pas bien compris parce que je n’ai pas connu cette relation.
  • - Avoir nos petits moments
  • - …


Bien-être parfaitement entretenu
  • - Prendre du temps pour moi avec moi
  • - Avoir mes MeTime
  • - Mes instants bien-être 
  • - Voyager, sortir, …
  • - …


Fille parfaite

- Avoir des plans mère et fille

  • - Chérir mes parents
  • - …








Ma Vie de working pregnant and mom.



Le premier lundi, je reçois une suggestion pour rejoindre une équipe fabuleuse, celle qui m’a aidé à tenir ma promesse d’équilibre, de lancer (il y a deux ans) développer l’un de mes innombrables projets, celui de ma communauté de mamans. J’hésite quelques secondes parce que le mood « vacances » vient à peine d’être activé. Mais ensuite, j’analyse l’offre (l’expérience que je gagnerai, une charge de travail qui convient à la mum of 3* boys en devenir, la flexibilité, le travail à distance, le vide professionnel ou manque d’exercice professionnel que je n’aurai pas à justifier…); c’est mon domaine d'expertise, je venais de raccrocher avec de nouvelles compétences… Sur la balance, c’est faisable. Mon année sabbatique venait de s’achever avant d’avoir commencé. Je postule, l’équipe m’accueille, je demande un mois.. pour réorganiser cette nouvelle vie. Cela faisait déjà 6 mois que j’étais enceinte.


Travailler à la maison a certains avantages : flexibilité, la possibilité de passer beaucoup de temps avec mes enfants, vivre toutes les étapes de développement de mon bébé, m’occuper de lui moi-même et ne pas avoir à le déposer à la garderie avec le sentiment de culpabilité…


Mais c’est également beaucoup de gymnastiques, de contraintes et une certaine organisation mise assez souvent à mal par les imprévus …. Un vrai défi, surtout que mon BOSS bébé est toujours à la demande de plus d’attention en se développant.


Pendant des mois, j’ai appris à utiliser chaque main pour une activité différente, à faire les tâches qui me demandent du calme tard dans la nuit ou à l’aube, à faire des sprints de productivité de 30 minutes à 1 heure entre deux moments maman - bébé. J’ai développé de nouvelles compétences : celle d’être motivé à tout moment pour réussir mes sprints et celle d’être habile d’une seule main… Malgré tout, rarement, j’ai dû quitter la maison pour plus de concentration.


On pourrait penser que c’est vie facile de travailler de la maison. Mais en fait, cela rend encore plus compliqués les efforts pour mettre des barrières entre vie professionnelle et vie familiale. Il m’est à ce jour impossible de faire comprendre à ma mère et mon conjoint que je bosse et que le lieu n’a pas d'impact sur l’engagement. Pour eux, avoir la chance de travailler de la maison, c’est pouvoir s’acquitter facilement de toutes les tâches ménagères, de nourrice, de nounous, de cuisinière… Après tout ça je ne sais pas où est la place pour le boulot. Surtout que les modes d’usage de celui qui ne participe pas à l'entretien est différent de celui qui connaît la douleur des travaux… 


Mes projets avancent à petit rythme, je suis contente de n’avoir jamais abandonné. Les deux années passées à produire du contenu pour ma communauté de parents, en particulier les mamans ont été d’une grande aide pour ma santé mentale. Je reste donc concentrée malgré ma limite de temps pour partager plus de ressources et d’expériences dont les miennes avec vous. 


Il y a quelques mois, postuler à mon poste actuel est certainement ma plus belle décision professionnelle pour répondre à mon besoin de travailler. Le boulot me convenait. L’argent ne comptait pas mais plutôt l’expérience. Pour avoir déjà expérimenté 9 mois sans activité professionnelle, je sais que je ne l’aurai jamais supporté. J’ai eu le temps de repenser ma carrière et je pense que je suis prête pour de nouveaux challenges. Mes besoins ont évolué, je suis prête à servir mes ambitions pour mes enfants, retrouver une certaine indépendance dans mes mouvements, développer mon réseau, mettre mes compétences à disposition de l’une des institutions qui correspond à ma vision et qui me permettrait d’atteindre rapidement mes objectifs. (Je prendrai le temps de vous raconter ma vie de working pregnant mom).

 







L’apprentissage de la vie de couple en famille : Charge mentale et répartition des tâches ménagères / La transition de couple à la parentalité.



Mon conjoint et moi avions vécu plus longtemps loin l’un de l’autre qu’ensemble. Je m’amusais à compter le nombre de jours que nous avions passé ensemble sur nos 4 années de relation avant son retour en famille. Remarque qu’il n’appréciait pas d’ailleurs. Toujours est-il que l’apprentissage de la vie en couple que nous avions entamé en début de notre relation a été effacé par la distance et la venue de nos enfants. (En tout cas c’est mon avis et il me donnera le sien après avoir lu l’article. C’est mon éditeur.)  Des habitudes de célibataire qui persistent et me font penser que la distance nous conviendrait mieux. 


Entre réapprendre à vivre à deux (supporter les manières de voir et surtout de ne pas voir, les manières de faire et surtout de ne pas faire) et répondre à la demande d’énergie de mes deux petits garçons, mes nerfs ne tiennent pas. Je ne m’en sors pas. « La vie à deux n’a rien de facile, si on ne vit pas ensemble quand apprendrons-nous ? » dirait mon grand enfant. Des habitudes contrastantes, aux concessions non reconnues …  Plus faire en sorte que tout se passe parfaitement bien pour tout mon entourage, épuise mon mental.


Nous sommes convaincus mon conjoint et moi que la communication est la meilleure chose à faire mais n’arrivons pas à communiquer. Mes questionnements l'agacent, son manque de réactivité m'achève au plus haut point. Il a les meilleurs conseils en matière de gestion qui révèle ma « mauvaise organisation ». Mais soit je n’en aies pas conscience, soit notre sens du coup de main n’est pas le même. Et, me voici avec l’étiquette de celle qui sait tout, qui fait tout, qui n’encourage pas les initiatives …. dans notre entreprise de fortes personnalités. Bref les sujets qui fâchent, le partage des tâches ménagères. Mes belles-filles remercieront leur beau-père.



Ce que mon mari fait excellemment bien, c’est son boulot. Après il ne lui reste rien pour ce qui n’est pas si important (sûrement) ou qui peut attendre (20 ans). Mais pour être honnête, à tous les projets que je lui ai présentés, j’ai eu droit à un : « je te soutiens ». Le reste, qui permettrait d’avoir assez de temps, d’énergie et qui donnerait à cette phrase d’encouragement tout son sens … ne suis pas. Que vous évoque le mariage ? Mes standards sont peut-être un peu trop élevés. Peut-être que je devrais le laisser face à la gestion sans avoir peur d’un chaos (même si le peu que j’ai observé n’est pas rassurant). Bref, vous pouvez imaginer ma migraine à faire toutes les choses que mon conjoint ne se voit pas faire. Même si j’adore prendre soin, c’est vite devenu un supplice.


En un an, j’ai divorcé des dizaines de fois (dans ma tête, dans mon coeur). On s’attend toujours à ce que la vie de soit challengeante mais jamais autant que ce que l’on vit. Je suis persuadée que recourir à un professionnel de l’écoute pour nous aider à prendre de la hauteur, à améliorer notre relation avec l’autre n’est ni signe de faiblesse, ni signe d’échec. C’est normal qu’il y ait de grosses différences, mais c’est anormal que ces différences soient des freins à l’épanouissement de celui avec qui ont partage sa vie. Quand on veut que ça marche, pour que ça marche, il faut mettre son égo sur le côté. Mon bla bla très sérieux.


J’ai craqué plusieurs fois parce qu’il ne m’apportait ni l’aide dont j’avais besoin, ni ne manifestait la reconnaissance pour compenser. Dame justice veut un partage équitable des responsabilités (ok, des tâches ménagères surtout que je suis celle qui en crée le moins), une participation spontanée (impulsée par le bon sens) à l’ensemble des charges possibles résultant de la vie à deux. Une entraide permet de gagner du temps et de l’énergie, soulage et laisse du temps pour des moments intimes, de complicité, pour renforcer les liens. Je ne voyais que des violations en plein 21e siècle… Bref, ce que j’ai appris sur mon conjoint, ce type d’implication l’ennuie et l’épuise. Il fait déjà assez à son boulot pour que nous ne manquions de rien et c’est plus que suffisant. J’ai compris que la solidité de mon couple dépendait de l’aide conséquente que je pouvais avoir pour tenir ma maison et m’occuper de ma famille. A partir de la naissance de mon deuxième fils, je n’avais que ma mère (qui n’a plus d’énergie) pour m’aider à garder les enfants comme elle pouvait avec nos divergences de méthodes… Son grain de sel était toutefois non négligeable. J’ai depuis peu une nounou, mon corps et mon esprit reprennent vie, mon couple aussi. Comme je lui en suis reconnaissante.


Les événements tragiques nous rappellent que nous ne sommes pas éternels, nous vivons dans l’incertitude du lendemain, les souvenirs que chériront nos proches ne sont pas ceux de nos biens ou notre opulence mais les bons moments cumulés au fil des jours. La famille un havre de paix, trouver du temps pour soi pour aider sa santé physique et mentale, avoir des moments de qualité avec les membres de sa famille. Je suis fière de ce que mon conjoint peut accomplir pour nous assurer une stabilité financière (d’ailleurs sans son appui, j’aurai eu du mal à lancer mon projet sabbatique). Je voudrais juste qu’il ait plus de temps pour lui-même, pour ses enfants, pour moi et pour nous deux. Ma vision non-flexible du couple rend l’apprentissage difficile malgré ma bienveillance, mon endurance dans les épreuves et ma conscience des meilleures intentions de mon conjoint. La grande question, comment lui faire intégrer tout doucement ce qui n’est pas de sa nature qui me chagrine.







Mon style de maman parfaitement imparfaite s’établit progressivement.


J’étais heureuse de quitter mon boulot stressant pour passer de merveilleux moments de simplicité et de tendresse avec mon bébé. J’ai pris soin de lui et je l’ai regardé grandir. Dans le silence nous avons appris à nous connaître. Je sais qu’il ressent cet amour infini que je lui porte et que je ne cesse de manifester à travers mes câlins, des bisous, ma présence, mes soins. Je rends grâce pour sa santé, pour sa vie. Ma charge de travail ne m’a pas empêché d’adorer prendre soin de lui, d’attendre les moments de bain qui sont nos meilleurs moments avec impatience. Ce n’est pas lui qui a été sevré mais plutôt moi.


Dès qu’il a su parler, il a dit « papa » et « maman ». Depuis « maman » veut tout dire, il s’adresse à tout le monde en disant « maman ». Un peu choquée au départ mais à bien réfléchir, puisqu’il sait aussi dire Papa, Mamie, il appelle son frère et sa nounou par leur prénom, n’est-ce pas plutôt la preuve de mon trop d’importance et d’implication dans sa vie. Maintenant, je peux l'entendre balbutier « je veux boire bouillie » qui retire un des sens de « maman ».


Mon bébé grandit et je ne suis plus la partenaire de jeu idéale. Impossible de lui consacrer le temps de jeu qu’il désire. J’ai pris conscience du fait que j’étais présente de corps mais pas d’esprit. Mes gestes étaient devenus automatiques, pour me permettre de remplir ma journée au maximum. Plus occupée à servir les besoins vitaux de tout le monde que de prendre du plaisir dans cette nouvelle vie que j’avais décidé. J’ai peur de lui avoir transmis mon stress et ma mauvaise humeur à des moments.


La patience, le partage et l’amour sont les valeurs que j’intègre dans le quotidien de mes deux princes. Dans notre environnement de droits, où la sensibilisation est grande sur le droits des femmes, la féminité, l’estime de soi, j’aimerais que mes garçons sachent qu’ils ont aussi tout le mérite. La vie leur apprend à se battre encore plus que les femmes pourtant l’objectif c’est à compétence égale, chance égale.


J’ai accepté mes limites à être la mère à 100%. Essayer me transformerait en celle que je ne veux pas être. Tout ce que je ferais ne serait jamais totalement reconnu, mes sacrifices ne seront jamais assez. J’adore mes enfants, alors ma formule, la meilleure formule doit pouvoir également s’adapter à mes besoins. 

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